La gale du ciment, forme d’eczéma allergique touchant les professionnels du bâtiment, requiert vigilance et prévention efficace.
- Cette affection cutanée est principalement causée par le bichromate de potassium présent dans le ciment, sans lien avec la gale parasitaire.
- Les symptômes incluent un eczéma avec démangeaisons intenses aux mains, avant-bras et zones de contact direct.
- La prévention passe par l’automatisation des tâches, le port de gants en nitrile et l’évitement de tout contact avec le ciment mouillé.
- En cas d’exposition, un rinçage immédiat à l’eau pendant 15 minutes est essentiel pour limiter les dommages cutanés.
La gale du ciment reste l’une des affections cutanées les plus fréquentes dans le secteur du bâtiment. Après plus de 25 ans dans ce domaine, je peux témoigner de l’importance de bien connaître cette pathologie. Sur les nombreux chantiers que j’ai supervisés, j’ai malheureusement vu plusieurs collègues développer cette affection suite à des contacts répétés avec le ciment. C’est pourquoi je tiens à partager mes connaissances sur ce sujet crucial pour tous les professionnels et bricoleurs qui manipulent régulièrement ce matériau.
Qu’est-ce que la gale du ciment et quelles sont ses causes?
La gale du ciment, également appelée gale du maçon, désigne en réalité une forme d’eczéma allergique de contact. Contrairement à ce que son nom suggère, cette affection n’a aucun lien avec la gale parasitaire causée par le Sarcoptes scabiei. Il s’agit d’une dermatose professionnelle qui touche principalement les travailleurs manipulant régulièrement du ciment.
Le principal responsable de cette réaction cutanée est le bichromate de potassium (chrome VI) présent dans le ciment. D’autres substances comme le cobalt et certaines résines époxydiques peuvent également déclencher ou aggraver cette réaction. Lorsque le ciment est mélangé à l’eau, comme c’est le cas lors de la préparation d’un mortier bâtard pour vos travaux de maçonnerie, il produit une réaction alcaline comparable à celle de la chaux ou de la soude.
Cette réaction libère de l’hydroxyde de calcium qui rend le mélange extrêmement alcalin, avec un pH avoisinant 12. Ce caractère très basique attaque directement la barrière cutanée, fragilisant l’épiderme et facilitant la pénétration des allergènes. J’ai constaté sur mes chantiers que le risque augmente considérablement lorsque le ciment est utilisé sous forme humide, comme pour les chapes de 5cm et autres applications nécessitant un mortier parfaitement dosé.
Mentionnons que cette pathologie ne se développe généralement pas immédiatement. Elle survient après plusieurs années d’exposition au ciment, ce qui explique pourquoi de nombreux travailleurs expérimentés finissent par en souffrir. Dans mon équipe, j’ai remarqué que les maçons avec plus de dix ans d’expérience présentaient plus fréquemment ces symptômes que les novices.
Allergène | Présence dans le ciment | Risque allergique |
---|---|---|
Chrome VI (bichromate) | Principal allergène | Très élevé |
Cobalt | Présent en quantité variable | Modéré à élevé |
Résines époxydiques | Dans certaines formulations | Élevé |
Hydroxyde de calcium | Libéré lors du mélange avec l’eau | Irritant (non allergène) |
Les symptômes caractéristiques et le diagnostic de la gale du ciment
La manifestation principale de la gale du ciment est un eczéma profus accompagné de démangeaisons parfois insupportables. Les zones les plus fréquemment touchées sont les mains, les espaces interdigitaux, les avant-bras et toutes les parties du corps qui entrent en contact direct avec le ciment (coudes, genoux, chevilles). J’ai vu des collègues souffrir terriblement pendant des semaines, incapables de continuer à travailler normalement à cause de ces symptômes.
Visuellement, la peau affectée devient épaisse, craquelée, sèche et rugueuse. Sans traitement approprié, cette condition peut évoluer vers des crevasses douloureuses et saignantes, particulièrement aux niveau des doigts. On observe également souvent des papules (petites élévations de la peau) et des lésions dues au grattage intensif provoqué par les démangeaisons.
Il est important de savoir que l’exposition au ciment peut également causer des symptômes respiratoires, particulièrement chez les personnes qui inhalent régulièrement des poussières lors de la préparation de mélanges comme le mortier en seau. J’ai toujours insisté auprès de mon équipe sur l’importance de porter un masque lors de ces opérations.
Les professionnels les plus exposés à ce risque sont :
- Les maçons et autres travailleurs du bâtiment
- Les carreleurs, qui manipulent quotidiennement des colles à base de ciment
- Les chapistes, spécialisés dans la pose de chapes
- Les ouvriers de l’industrie de préfabrication d’éléments en béton
- Les bricoleurs réguliers réalisant eux-mêmes leurs travaux de maçonnerie
Traitement efficace et mesures préventives contre la gale du ciment
Le traitement de la gale du ciment repose d’abord sur l’éviction de l’allergène. Dans les cas sévères, un changement de profession peut s’avérer nécessaire, ce qui représente souvent un bouleversement majeur pour les travailleurs concernés. J’ai dû aider plusieurs membres de mon équipe à se reconvertir après un diagnostic de gale du ciment chronique.
Les dermocorticoïdes constituent le traitement médicamenteux de première intention, avec un sevrage qui doit être progressif pour éviter les rechutes. L’application régulière de crèmes hydratantes spécifiques pour les mains est également recommandée pour restaurer la barrière cutanée. Dans les cas chroniques, la crénothérapie (cures thermales) peut apporter un soulagement complémentaire.
Certains de mes collègues ont trouvé un certain soulagement avec des remèdes naturels comme les baumes au plantain, réputés pour leurs propriétés cicatrisantes et anti-inflammatoires. Bien que ces solutions ne remplacent pas un traitement médical, elles peuvent contribuer au confort quotidien.
Pour prévenir efficacement cette affection, voici les mesures à adopter par ordre d’importance :
- Automatiser autant que possible les opérations manipulant le ciment
- Éviter tout contact direct avec le ciment mouillé
- Réduire l’exposition aux poussières de ciment sec
- Porter des gants adaptés en nitrile ou néoprène, étanches et doublés
- Adopter des mesures d’hygiène strictes (changement régulier de tenue, lavage fréquent des mains)
Depuis janvier 2005, la réglementation européenne interdit la commercialisation de ciments dont la teneur en chrome VI soluble dépasse 0,0002% lorsqu’ils sont hydratés. Cette mesure, intégrée dans le règlement REACH, a permis de réduire significativement les cas de gale du ciment dans le secteur professionnel. Sur mes derniers chantiers, j’ai remarqué une amélioration sensible de la situation, mais la vigilance reste de mise.
En cas de contact accidentel avec du ciment, il est crucial d’essuyer immédiatement la zone avec un linge propre puis de rincer abondamment à l’eau claire pendant au moins 15 minutes. Cette réaction rapide peut faire toute la différence et éviter le développement ultérieur de symptômes graves.